Collaborer avec l’ennemi

Il y a quelques semaines, nous sommes allées au Festival ACTE, le premier festival de la collaboration. Nous avons eu la chance d’assister à la conférence d’Adam Kahane, un canadien qu’on interpelle à travers le monde puisqu’il est spécialiste des négociations en situations complexes.

Il a écrit un livre: «Collaborer avec l’ennemi : comment travailler avec des personnes avec qui vous êtes en désaccord, que vous n’aimez pas ou en lesquelles vous n’avez pas confiance»

Voici un bref aperçu de ce que nous retenons de son message.

Kahane nous a fait réfléchir au fait que la collaboration est toujours un choix. Dans plusieurs situations, nous décidons plutôt de quitter, de forcer la situation (ex.imposer notre point de vue) ou de s’adapter…et c’est souvent seulement lorsqu’on ne peut faire ces choix, lorsque cela devient insupportable ou insoluble que nous arrivons au choix de collaborer.

 

Cela nous a fait beaucoup réfléchir… Avec autant d’années d’expérience à travailler avec les gens, nous avons parfois l’impression que nous collaborons facilement. Si nous pensons à divers contextes de nos vies où nous avons dû collaborer, peut-être ne nous souvenons-nous pas que nous avons tenté d’autres options. Peut-être avons-nous commencé par fuir la situation, mais elle nous a rattrapé! Finalement, ce n’est peut-être pas si naturel, même pour des leaders mobilisateurs!

 

Ces autres options (quitter, s’adapter, forcer…) seraient donc généralement préférables parce qu’elles seraient plus simples. Pour économiser ses énergies, l’être humain cherche des raccourcis, il veut se simplifier la vie! Il ne va donc pas facilement se lancer dans la complexité de la collaboration.

 

Adam Kahane fait ensuite état de la différence entre la collaboration conventionnelle et celle qu’il qualifie “par étirement”. Les étapes connues de la collaboration conventionnelle fonctionnent seulement en situation simple et harmonieuse. Voici les étapes:

1) Objectif commun

2) Problématique

3) Solution

4) Plan de mise en oeuvre

5) Répartition des tâches

Selon lui, c’est davantage le 2e type de collaboration, “par étirement”, qui permet de faire face à des situations conflictuelles et complexes.

Il ajoute ensuite une notion qui nous sort de notre zone de confort. Il dit: “Nous ne savons jamais réellement comment faire.” M. Kahane nous fait réaliser que nous devons tous accepter que nous expérimentons lorsque nous choisissons de collaborer ou d’aider des gens à le faire. Même ceux qui sont supposément experts! En effet, entre autre chose, nous ne pouvons pas contrôler ce que les autres font. Cette complexité des situations oblige donc à réviser nos façons de faire, tester, réfléchir, analyser et donc, se mettre dans des situations de vulnérabilité. Il faut apprendre à naviguer dans le flou, chercher des réponses en acceptant que nous n’avons pas le contrôle.

 

Dans la conférence, il nous fait réfléchir au fait que la collaboration offre beaucoup d’opportunités d’essaies et beaucoup d’opportunités d’erreurs. Cette situation procure donc de nombreux apprentissages. En tant que gestionnaire, facilitateur, leader, lorsqu’on accompagne des gens, nous devons être dans une posture d’apprentissage constant. Apprendre à lâcher prise et naviguer sans avoir le contrôle. C’est peut-être étonnant pour certains d’entre nous qui avons peut-être toujours cru que si nous sommes en poste d’influence, de pouvoir, c’est justement parce que nous avons le contrôle de la situation…et c’est précisément à l’opposé de cette idée que M. Adam Kahane nous fait atterrir… Nous serons donc de bons leaders seulement si nous acceptons que nous sommes vulnérables!

 

Un autre article qui aborde le sujet du livre de M. Adam Kahane:

http://www.lesaffaires.com/blogues/diane-berard/oui-c-est-possible-de-collaborer-avec-l-ennemi/588104à

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